Saly : entre exercices militaires et réalité oubliée...

Bateaux rapides, drones, équipes d’intervention… L’État a sorti la panoplie complète pour montrer qu’il agit.

Mais une question dérangeante demeure : à quoi servent tous ces spectacles si les pêcheurs de Saly travaillent encore sans quai, sans entrepôt frigorifique et sans un minimum d’infrastructures ?

Un exercice spectaculaire… mais une réalité misérable

Pendant que les autorités communiquent sur la lutte contre les chalutiers frauduleux, la véritable tragédie se joue sur la terre ferme : Saly n’a pas de quai de pêche, il n’y a aucun entrepôt frigorifique,aucune chaîne de froid, aucun espace de débarquement, aucune hygiène, aucun soutien structurel pour ceux qui vivent de la mer.

Les poissons sortent de l’eau… pour être posés sur le sable. Une aberration sanitaire, économique et sociale.

Jeunesse abandonnée : quand l’État ne donne pas de travail, il doit au moins aider ceux qui essaient

Les jeunes de Saly sont en perte de repères, faute d’emplois, de formation et d’accompagnement.
Pour beaucoup, la pêche artisanale représente la dernière chance d’éviter la délinquance, l’émigration clandestine ou l’oisiveté forcée.

Ils investissent leurs maigres économies pour acheter moteurs, filets et pirogues.
Ils travaillent avec courage, sans un seul franc d’aide publique.

Si l’État est incapable de créer des emplois, qu’il accompagne au moins ceux qui essaient de s’en sortir dignement.

Il doit : construire un quai, installer un entrepôt frigorifique, financer des formations, sécuriser les zones de débarquement, protéger les pêcheurs artisanaux.Car avant les hôtels et le béton, Saly était une ville de pêcheurs, une ville d’hommes et de femmes qui vivaient de la mer depuis des générations.

Laxisme des autorités locales : un abandon devenu scandale public

Depuis dix ans, les pêcheurs et habitants réclament des infrastructures. Chaque année, les élus promettent.

Chaque année, rien ne bouge

Saly construit des résidences luxueuses en quelques mois, mais incapable de construire un simple quai ou une chambre froide. Cette incohérence est devenue un symbole du laxisme local. Les hôtels et multinationales : profits énormes, RSE inexistante

Les multinationales et grands hôtels de Saly réalisent des profits colossaux.
Ils utilisent : la plage, la main-d’œuvre locale, le littoral, les ressources naturelles, et les avantages fiscaux. Mais quand il s’agit de soutenir la communauté locale, personne ne répond présent.

La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) ?

À Saly, ce n’est qu’un slogan publicitaire.

Où sont : le financement d’un quai ? L'investissement dans des chambres froides ? Les programmes de formation pour les jeunes ? Les projets d’inclusion économique ? Les actions pour les pêcheurs ? Nulle part.

Les hôtels profitent du décor… mais ne contribuent pas à améliorer la vie de ceux qui y vivent. Il est temps que les autorités et les multinationales rendent justice à Saly.

La lutte contre la pêche illicite est nécessaire, oui. Mais elle ne doit pas servir à masquer l’abandon total de ceux qui font vivre la Petite-Côte.

Saly n’a pas besoin de spectacles militaires. Saly a besoin de respect, d’infrastructures, de travail, de vision.

Un quai. Une chaîne de froid. Un plan d’accompagnement de la jeunesse. Et des multinationales qui assument enfin leurs responsabilités.

C’est le minimum.

Ahmadou Bella Diallo
APR MBOUR & Diaspora France