Crise des bourses : l’université sénégalaise au bord de l’explosion
vendredi 5 décembre 2025 • 354 lectures • 0 commentaires
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iGFM - (Dakar) L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) est devenue depuis plusieurs semaines l’épicentre d’une contestation étudiante d’une rare intensité. Ce qui n’était au départ qu’une revendication classique — le paiement des bourses et des arriérés — s’est mué en une crise profonde, révélatrice d’un malaise structurel beaucoup plus ancien dans l’enseignement supérieur sénégalais.
Un mouvement né d’un retard qui n’en finit pas
Les premières mobilisations ont éclaté à la mi-novembre, lorsque les étudiants ont dénoncé le retard du versement des bourses, dont certains arriérés remontent à l’année académique 2024-2025. Malgré une annonce gouvernementale confirmant le début du paiement des allocations pour 2025-2026, les manifestants considèrent que le cœur du problème demeure intact : les arriérés n’ont toujours pas été réglés.
Les associations étudiantes parlent de 13 mois de revendications restées sans réponse finale, alimentant la frustration de milliers de jeunes pour qui ces bourses ne sont pas un supplément de revenu, mais un moyen de subsistance dans une capitale où le coût de la vie ne cesse de grimper.
Affrontements : un campus transformé en champ de tension
Le 3 décembre, la situation a basculé dans la violence.
Gaz lacrymogènes, jets de pierres, barricades improvisées et évacuations sanitaires se sont succédé au sein du campus.
Le bilan communiqué par plusieurs sources fait état de :
16 étudiants blessés, dont 6 grièvement,
4 policiers évacués après avoir été touchés lors des affrontements.
Le service médical du campus, dépassé par l’afflux de blessés, a dû demander du renfort. Les facultés ont suspendu leurs cours, certaines résidences ont été partiellement évacuées, et la tension reste vive autour du pavillon A de la Cité universitaire, épicentre des manifestations.
Une crise sociale avant d’être académique
Derrière la revendication financière se cache une réalité plus profonde :
la détresse sociale d’une jeunesse qui peine à étudier dans des conditions dignes.
Pour beaucoup, la bourse est la seule garantie de logement, de repas et de transport.
Sa suppression temporaire suffirait à faire basculer plusieurs milliers d’étudiants dans une précarité extrême.
Cette crise renvoie aux limites historiques du système universitaire sénégalais :
infrastructures saturées, manque de financement durable, absence de services sociaux suffisants et dialogue institutionnel insuffisamment structuré.
Un malaise qui dépasse l’UCAD
Si l’UCAD concentre la colère, d’autres universités — Saint-Louis, Bambey, Thiès, Ziguinchor, Sine-Saloum — observent attentivement la situation. Certaines sections syndicales étudiantes ont déjà annoncé des « journées de solidarité », avertissant que la crise pourrait rapidement se généraliser.
Les observateurs soulignent aussi la dimension politique du moment : un pays traversé par des tensions économiques, une inflation persistante, un chômage élevé des jeunes, et des attentes sociales immenses envers les nouvelles autorités.
Le gouvernement face à une équation délicate
L’annonce du paiement des bourses 2025-2026 n’a pas suffi.
Le gouvernement doit désormais arbitrer entre :
l’urgence sociale des étudiants,
la pression budgétaire de l’État,
et la nécessité de maintenir la stabilité universitaire.
Une négociation ouverte, sincère et inclusive apparaît comme la seule voie possible pour éviter une paralysie prolongée du système.
Un symbole de la relation entre l’État et sa jeunesse
Dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, cette crise dépasse largement les murs de l’université. Elle questionne directement :
la capacité de l’État à accompagner sa jeunesse,
la crédibilité des engagements publics,
et le rôle des étudiants dans la structuration du débat national.
Pour beaucoup, les manifestations ne sont pas seulement une révolte contre un retard administratif, mais un cri d’alarme général sur les conditions de vie, d’études et d’avenir.
Et maintenant ?
La situation reste tendue sur le campus de l’UCAD. Les étudiants maintiennent la pression et exigent un règlement rapide des arriérés. Les autorités, quant à elles, affirment être « prêtes au dialogue », tout en renforçant la présence des forces de l’ordre autour de l’université.
Si aucune solution concrète n’est trouvée dans les prochains jours, le risque d’un embrasement national dans l’espace universitaire est réel.
L’histoire du Sénégal montre que les mouvements étudiants ont souvent été les précurseurs de flambées sociales d’envergure.
Celui de 2025 pourrait bien être le marqueur d’une nouvelle étape dans les rapports entre l’État et sa jeunesse.
Par Ahmadou Bella Diallo membre Apr département de Mbour et diaspora France
Publié par
Harouna Fall
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