Le Sénégal face au défi de sa dette et de la confiance du FMI : une analyse du Dr. Seydina Oumar Seye

Le Sénégal est confronté à une conjoncture difficile, marquée par un endettement préoccupant. Le ratio de la dette publique par rapport au PIB a augmenté de 48,8 % en 2019 à 76,6 % en 2023, avec une dette publique atteignant 14 000 milliards FCFA la même année. "C'est un fardeau lourd pour l'économie nationale", alerte le Dr. Seye. À cela s'ajoute un déficit budgétaire persistant, qui a atteint 6,2 % du PIB en 2022, contre 4,8 % en 2021.

L'inflation, alimentée par les crises internationales, s'est établie à 9,7 % en 2023, une nette augmentation par rapport aux 2,5 % de 2020. La croissance économique a également ralenti, passant de 6,5 % en 2021 à 4,2 % en 2023, principalement en raison des chocs externes tels que la Covid-19 et la guerre en Ukraine. Enfin, le chômage des jeunes demeure une préoccupation majeure, avec un taux de 16,9 % en 2023, et des inégalités régionales persistantes.

La crise de confiance avec le FMI : un défi majeur….

La suspension des relations avec le FMI, suite à des allégations de falsification de chiffres, pèse lourdement sur les perspectives financières du pays. "Le Sénégal risque de perdre 1,5 milliard de dollars de financements prévus par le FMI", souligne le Dr. Seye. L'institution de Bretton Woods exige un audit indépendant des comptes publics avant toute reprise des négociations, posant ainsi un défi de transparence crucial pour les nouvelles autorités.

Face à ces défis, le Dr. Seye souligne l'importance d'élaborer des stratégies claires pour regagner la confiance des bailleurs et financer la Vision Sénégal 2050. Sur le plan budgétaire, l'objectif est de réduire le déficit à 3 % du PIB d'ici 2025. En parallèle, la lutte contre la corruption est placée en tête des priorités, avec le renforcement de l'OFNAC et l'établissement de tribunaux spécialisés, une volonté clairement exprimée par le nouveau gouvernement.

Pour financer l'ambitieuse Vision Sénégal 2050, dont les besoins sont évalués à environ 30 000 milliards FCFA, la diversification économique est cruciale. Le secteur numérique, par exemple, voit sa contribution au PIB croître, passant de 5 % en 2020 à 8,5 % en 2023.

Les stratégies de résilience incluent également la mobilisation des ressources internes, avec une augmentation des recettes fiscales de 12 % en 2023. Les Partenariats Public-Privé (PPP) représentent une autre voie prometteuse, avec 15 projets en cours totalisant 2 000 milliards FCFA. Le Dr. Seydina Oumar Seye insiste sur l'urgence pour le Sénégal de rétablir la confiance.

Par Amadou Sabar Ba