L’homme des hautes juridictions : retour sur le parcours de Mamadou Badio Camara

jeudi 10 avril 2025 • 741 lectures • 3 commentaires

Actualité 1 semaine Taille

L’homme des hautes juridictions : retour sur le parcours de Mamadou Badio Camara

Fort d’une carrière de plus de quarante ans dans la magistrature, Mamadou Badio Camara incarne à la fois l’expérience judiciaire et la constance institutionnelle. De substitut du procureur à président du Conseil constitutionnel, son parcours impressionnant est marqué par des postes de haute responsabilité, des missions internationales, mais aussi des critiques sur sa longévité au sommet du système judiciaire sénégalais.

Un parcours sans arrêt au service de la justice sénégalaise
Diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM), section magistrature, Mamadou Badio Camara fait partie de la deuxième promotion. Il entame sa carrière en 1977 comme substitut du procureur de la République près le tribunal de Dakar, puis gravit les échelons : premier substitut du procureur de Dakar (1983), procureur à Kaolack et Ziguinchor (jusqu’en 1991), avant d’être nommé substitut général à la Cour d’appel de Dakar.


Un magistrat formateur et internationaliste
Entre 1993 et 1998, il est procureur-adjoint à Dakar, puis conseiller et secrétaire général à la Cour de cassation jusqu’en 2008. Il enseigne la "Pratique du parquet" à l’ENAM et au Centre de formation judiciaire (CFJ), et donne des conférences à l’École nationale de police et à celle de la gendarmerie de Dakar. Il multiplie aussi les stages et formations au Canada, en France, au Zimbabwe et aux États-Unis, approfondissant ses compétences sur les systèmes judiciaires, les droits humains, ou encore l'exécution des peines.


Le sommet de la Cour suprême
En 2008, il est nommé à la Cour suprême comme secrétaire général puis président de chambre, avant de devenir procureur général en 2013. Deux ans plus tard, en avril 2015, il est élevé au rang de Premier président de la Cour suprême du Sénégal.


Un acteur sur la scène internationale
Expert des Nations Unies, il a fait partie de la commission d’enquête sur la situation des détenus à Bujumbura (Burundi) entre 1999 et 2000. Il a également été missionné par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour soutenir la justice haïtienne en 2007 et 2008. De 2011 à 2015, il a été vice-président du Comité des Nations-Unies contre les disparitions forcées à Genève. Il siège également au Conseil d’administration de l’École régionale supérieure de la magistrature (ERSUMA) de Porto-Novo entre 2004 et 2010.


  Sa longévité 
Malgré une carrière saluée par ses pairs, Mamadou Badio Camara n’a pas échappé aux critiques. En mai 2020, certains magistrats réclamaient son départ à l’âge de 68 ans, le surnommant « l’indéboulonnable ». L’opposant Karim Wade l’accuse en 2018 d’être « au cœur du dispositif mis en place par Macky Sall pour instrumentaliser la justice contre ses opposants politiques ».


Un rôle déterminant dans un contexte politique tendu
Président du Conseil constitutionnel, M. Camara s'est retrouvé à la tête de l’institution qui était très attendue sur une question cruciale : celle d’un éventuel troisième mandat de Macky Sall.


Mamadou Badio Camara, est décédé ce jeudi 10 avril 2025. 


 

Cet article a été ouvert 741 fois.

Publié par

Joe N. Marone

editor

3 Commentaires

Je m'appelle

Téléchargez notre application sur iOS et Android

Contactez-nous !

Joe Naye Marone

Directeur

Service commercial