8 mars 2025, Il n’y a rien à célébrer, tout est à refaire ( par Khady SOW)

mercredi 12 mars 2025 • 85 lectures • 0 commentaires

Société 5 heures Taille

8 mars 2025, Il n’y a rien à célébrer, tout est à refaire  ( par Khady SOW)

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Contribution - C’était le 8 mars, le samedi dernier ; j’ai passé la journée et celle d’avant, à observer des célébrations de la femme : épouse, mère, guerrière, entrepreneuse, professionnelle innovante, leader, pionnière, première de la classe et j’en passe.

Sauf qu’il ne s’agit pas d’une célébration mais d’une journée de revendications des droits des femmes, de militantisme et d’action, voire une journée pour faire l’état des lieux des luttes féministes pour l’égalité, l’équité et l’inclusion. Où en sommes-nous? Et qu’avons-nous gagné ou perdu ?

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Le piège de la célébration réside dans l’auto glorification, le tokenisme et, plus dangereux encore, à un semblant de satisfecit décerné à des gouvernants, des décideurs, au pouvoir patriarcal, qui chaque 8 mars récitent les mêmes litanies, emballent des femmes dans des milliers de tissus dans des cérémonies folkloriques et font des promesses creuses ainsi que des communiqués d’un paternalisme sirupeux.
Et, d’années en années, on peut se rendre compte qu’on régresse plus qu’on avance.

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Selon l’ONU en 2024 un pays sur quatre fait état d’un recul des droits des femmes en 2024.
Voilà la situation des femmes et des filles dans le monde, en un bref rappel :
- Environ toutes les 3 secondes, une fille est mariée avant l'âge de 18 ans.
- Les filles et les femmes représentent 71 % des victimes d'esclavage moderne
- Entre 15 et 19 ans, 1 fille sur 4 est déscolarisée, sans formation ou sans emploi.
- Dans près d'un pays sur deux, la loi ne prescrit pas une rémunération égale pour un travail de valeur égale entre les femmes et les hommes (Banque mondiale, 2024).
-  L'écart salarial entre les femmes et les hommes est de 20 % à l'échelle mondiale (Organisation Internationale du Travail - OIT, 2022).
-  Amnesty International nous dit que les femmes gagnent actuellement environ 77% de ce que gagnent les hommes pour le même travail.
- Au rythme des progrès actuels, il faudra encore patienter 131 ans pour atteindre l'égalité femmes-hommes à l'échelle du monde selon le Forum économique mondial.
- 800 femmes meurent chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement (OMS)
- 40 % des femmes dans le monde vivent dans des pays où la législation sur l'avortement est restrictive (Center for Reproductive Rights, 2024).
- 270 millions de femmes dans le monde n'ont pas accès à une méthode moderne de contraception (OMS, 2023).
- Plus de 12 000 filles risquent chaque jour de subir des mutilations génitales féminines (OMS, 2024).
- 1/3 des femmes dans le monde ont déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles selon l’OMS.
- Une femme est tuée par un proche toutes les 10 minutes dans le monde : 140 féminicides par jour, 51 100 victimes féminines pendant l’année. (ONUDC et ONU-femmes, 2024).



« La maison reste l'endroit le plus dangereux pour les femmes, 60% d'entre elles ayant été victimes de leur conjoint ou d'autres membres de leur famille ». Un phénomène qui touche « tous les profils de femmes et groupes d’âges » et qui fait fi des frontières (ONUDC et ONU-femmes, 2024).
Autre phénomène mondial ; l’augmentation au cours de la dernière décennie de 50% du nombre de femmes vivant en situation de conflit (ONU, 2024). 



Tout est en rade, les acquis sont attaqués et les féministes subissent un harcèlement quotidien, des menaces et des attaques personnelles, certaines mortelles. 
Pour ne rien gâcher, Il existe également une fracture numérique réelle entre les hommes et les femmes, au désavantage de ces dernières. Les réseaux sociaux à l’ère de l’intelligence artificielle vont continuer à propager des stéréotypes néfastes aux femmes, sans compter le cyberharcèlement des militantes des droits.
« Nous assistons à une généralisation de la misogynie » pour reprendre les propos du SG des Nations Unies, António Guterres. C’est bien pire ; elle est au sommet du pouvoir, de la puissance d’états, aux quatre coins du monde, sous couvert de valeurs conservatrices.



En résumé : discrimination croissante, protection juridique faible, diminution des ressources financières, violences physiques, sexuelles et psychologiques, précarité financière et sanitaire, sont le lot des femmes. De toutes les femmes, même celles qui ne se disent pas féministes. Alors il faut se remobiliser, à toutes les échelles, nationales et internationales, pour toutes les femmes, même les antiféministes, les tenantes des « valeurs dites familiales, ancestrales, ou d’une quelconque culture ». En bout de ligne elles jouiront, comme elles le font depuis que les luttes féministes existent de droits qui leur permettent aujourd’hui d’avoir des choix, des recours et mêmes de belles carrières tout en dénigrant le féminisme. Il faut continuer la lutte pour les générations à venir comme l’ont fait des générations de femmes bien avant nous.



Et quand on revisite l’histoire, quelle ironie ! Les graines de la Journée internationale des droits des femmes ont été plantées en 1908, dans la ville de New York par 15 000 travailleuses américaines ; la date du 8 mars fut choisie après que les femmes russes firent grève pendant la guerre en 1917, réclamant « du pain et la paix ». Aujourd’hui les deux dirigeants de ces pays, chacun à leur façon et faisant état d’une « amitié » suspecte, rendent le monde de moins en moins sûr, et pas juste pour les femmes.


Alors qu’est-ce qu’on célèbre finalement, à part des individus et des intentions !
Sources de ces données : UNICEF et FOCUS 2030
Autres sources : ONU – ONUDC - ONU Femmes – OIT – Amnesty international - Banque mondiale – Forum économique mondiale – OMS - Center for Reproductive Rights -


Mme Khady Sow
Féministe Tant 
Qu’il Le Faudra

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Publié par

Joe N. Marone

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