Attribution du marché des véhicules au Parlement : «Je suis allée à la source, ARCOP, DCMP, Parlement… la vérité des faits»

vendredi 27 juin 2025 • 189 lectures • 1 commentaires

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Attribution du marché des véhicules au Parlement : «Je suis allée à la source, ARCOP, DCMP, Parlement… la vérité des faits»

iGFM - (Dakar) Cela fait plus d’un mois que le marché public relatif à l’acquisition de véhicules pour les députés de la 15e législature alimente les débats.

 En tant que journaliste d’investigation, je ne pouvais me contenter des échos médiatiques, des bruits de réseaux ou des commentaires de couloir. J’ai décidé d’aller à la source : ARCOP, DCMP, Parlement. Ce que j’ai trouvé tranche avec les rumeurs.


L’affaire a pris une tournure grave : le journaliste Bachir Fofana a été placé en garde à vue après avoir allégué publiquement, sur une Web TV, qu’un marché de plusieurs milliards de francs CFA avait été attribué sans appel d’offres à un certain Cheikh Gueye, également accusateur de l’ancien ministre Ismaïla Madior Fall. Ses propos ont déclenché une réaction rapide des autorités : convocation par la cybersécurité, placement en détention.


Derrière cette vague médiatique, une vérité moins spectaculaire mais mieux documentée se dessine. Contrairement aux affirmations répandues, aucun franc additionnel n’a été sorti du budget parlementaire pour financer les véhicules. Le député Amadou Ba, membre de PASTEF, a été l’un des premiers à monter au créneau. Il a qualifié les allégations de « manipulation crapuleuse », insistant sur une volonté de rupture avec l’opacité antérieure. À travers une gestion budgétaire plus rigoureuse, le président de l’hémicycle, El Hadji Malick Ndiaye, affirme vouloir inscrire son action dans la transparence et la modernisation.


Les accusations selon lesquelles une rallonge budgétaire exceptionnelle aurait été demandée et obtenue pour cet achat sont, selon Amadou Ba, infondées. Le 18 mai 2025, lors d’une sortie médiatique, il a qualifié ces allégations de « manipulation crapuleuse » et de « fake news », insistant sur le fait que toutes les actions de modernisation impulsées par le président El Malick Ndiaye s’inscrivent dans une gestion budgétaire rigoureuse, rompant avec l’opacité qui régnait auparavant.


Mais le débat ne s’est pas arrêté là. Le 27 mai 2025, lors d’une interview accordée au journaliste Moustapha Diop, le président du Parlement, El Hadji Malick Ndiaye, a reconnu que sa déclaration sur l’achat des véhicules avait déclenché la polémique : « Si je n’avais pas parlé de l’achat des voitures, il n’y aurait pas eu de débat, et les députés vaqueraient simplement à leurs occupations avec leurs indemnités. À mon arrivée, j’ai trouvé un budget déjà établi. J’ai revu sa nomenclature et identifié des réajustements possibles pour réaliser des économies, rénover le bâtiment, améliorer l’image du Parlement, l’immatériel et le profil du député. »


En concertation avec le questeur et le bureau du Parlement, le président a proposé d’arrêter le versement mensuel de 900.000 F CFA au titre des indemnités de transport, pour privilégier l’achat de véhicules. Il a rappelé que la 12ᵉ législature disposait d’un modèle de véhicule haut de gamme, la 13ᵉ de Prados, et que la 14ᵉ devait en recevoir, mais cela avait été bloqué, peut-être pour des raisons politiques liées à l’opposition.


Les 900.000 F CFA étaient par ailleurs accompagnés d’une dotation en carburant. Après discussions avec les députés, la majorité a validé la proposition d’acheter des véhicules en contrepartie de la suppression des indemnités, ce qui a été mis en œuvre dès janvier 2025. Depuis, aucun parlementaire ne perçoit ces indemnités, pourtant considérées comme des acquis. Le président explique que les députés, souvent en difficulté logistique, lui réclament désormais régulièrement les véhicules.


Fort de son expérience de 16 ans dans le secteur privé et dans des multinationales, El Malick Ndiaye affirme ne pouvoir cautionner aucune pratique douteuse. Pour la première fois depuis 1960, une cellule de passation de marchés a été mise en place au sein du Parlement. Il affirme avoir reçu une lettre de félicitations de l’ARCOP, qui plaidait depuis longtemps, tout comme la société civile, pour que le Parlement se conforme au Code des marchés publics.


Selon ses dires, la Direction centrale des marchés publics (DCMP) a été saisie et la procédure a été respectée à la lettre. Un expert indépendant externe a également été sollicité pour garantir la transparence du processus. Le président du Parlement assure n’être intervenu à aucun niveau dans le processus, si ce n’est pour exiger que la maintenance soit incluse dans le coût du marché, ce qui n’était pas le cas auparavant.


Le 26 juin 2025, le député Ayib Daffé, président du groupe parlementaire PASTEF, est intervenu publiquement pour confirmer les propos du président El Hadji Malick Ndiaye. Il a révélé que la question avait été discutée collégialement les 28 et 29 janvier 2025, et qu’un consensus avait été trouvé sur la suppression des indemnités en faveur de l’achat de véhicules.


Toutefois, du côté de l’opposition, la position du député Thierno Alassane Sall, confirmée par le porte-parole du parti La République des Valeurs, Samba Faye, joint par téléphone, indique que leur leader a dénoncé une gestion solitaire du dossier, affirmant avoir découvert l’information dans la presse.


Le journaliste et chroniqueur Bachir Fofana a, pour sa part, allégué lors d’une émission diffusée sur une Web TV qu’un certain Cheikh Gueye, par ailleurs accusateur de l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, aurait obtenu ce marché sans appel d’offres. À la suite de ces déclarations, il a été convoqué par la cybersécurité et placé en garde à vue le mercredi 25 juin 2025.


En tant que journaliste d’investigation indépendante engagée pour la liberté d’expression et contre l’intimidation des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions dont je suis victime, j’ai décidé de mener une enquête à la source.


À l’ARCOP, j’ai été reçue par l’assistante de la chargée de communication, qui m’a informée que cette dernière était en congé et donc indisponible pour répondre à mes questions. Cette situation souligne une nouvelle fois la difficulté d’accès à l’information pour les journalistes : les administrations ne répondent pas aux appels, les sites internet ne sont pas mis à jour, et les journalistes en quête de vérité se heurtent à une absence de réponse sur place, en dépit de leur mission d’information.


À la DCMP, j’ai été accueillie par une équipe de communication professionnelle, bien que travaillant dans des conditions matérielles vétustes. Ils m’ont expliqué que la DCMP ne communique des informations qu’aux tiers contractants et aux organes de contrôle, tout en publiant les données semestriellement sur le site des marchés publics. Ce marché étant en cours, les informations n’y figurent pas encore.


Au sein du Parlement, l’attachée de cabinet du président El Malick Ndiaye a démenti fermement les allégations de Bachir Fofana. Selon lui, Cheikh Gueye ne figure même pas parmi les soumissionnaires, et le marché est toujours en cours d’exécution, donc non attribué.


El Malick Ndiaye, le poids qui dérange ou le signal des réformes qui commencent


Depuis son arrivée à la tête du Parlement, une nouvelle ère, marquée par la jeunesse au pouvoir, semble s’être imposée avec clarté. El Malick Ndiaye incarne un souffle de renouveau, une révolution administrative et politique qui ne s’était plus vue depuis les temps de Léopold Sédar Senghor, en passant par Amadou Cissé Dia, Abdoulaye Fofana, Moustapha Niasse, jusqu’à Amadou Mame Diop. Ce jeune président du Parlement force le respect, par son talent politique, sa résilience et surtout son ambition de réformer en profondeur l’hémicycle sénégalais, avec pour horizon une institution véritablement souveraine, alignée avec les attentes du peuple sénégalais. Ce peuple, qui attend de ses députés qu’ils traduisent fidèlement ses préoccupations quotidiennes, trouve dans cette dynamique une lueur d’espoir nouvelle.


Cette volonté réformatrice est d’ailleurs visible sur le terrain. À l’entrée du vieil immeuble abritant le Parlement, les signes de rénovation sont évidents. Les premières actions ont touché l’état vétuste des infrastructures. En son sein, on croise désormais des groupes d’élèves venus de Touba ou d’ailleurs, accueillis pour des visites guidées. Pour la première fois, l’hémicycle ouvre ses portes à la jeunesse scolaire, brisant le mythe d’une institution perçue de loin à travers les écrans. Cette ouverture physique et symbolique illustre une volonté forte d’ancrer le Parlement dans sa mission citoyenne et éducative.


Mais réformer, c’est aussi bousculer les codes et affronter les résistances. Toute réforme profonde est par nature anticonformiste. Tous ceux qui s’y sont aventurés avant El Malick Ndiaye ont essuyé les foudres des conservatismes installés. Pourtant, cela ne l’a pas empêché de porter une ambition historique : un vaste programme de vingt-quatre réformes révolutionnaires qui touchent aussi bien à la gouvernance, à l’éthique parlementaire, à la transparence qu’à la transformation numérique.


Parmi elles, la suppression des 150 000 francs de crédits téléphoniques, des 100 000 francs de primes de plénière, des appuis de Korité évalués à 300 000 francs et ceux de Tabaski à 500 000 francs, la réduction de moitié des frais de mission, la suppression des Sukëru Koors, la réduction du quota de pèlerins à La Mecque de 70 à 30, la réforme du règlement administratif et du statut du personnel, la refonte du règlement financier, la création d’une commission sur l’évaluation des politiques publiques, la mise en place d’une chaîne parlementaire, la réforme du règlement intérieur, le développement du site web officiel du Parlement (www.assemblee.sn), la création d’une messagerie électronique interne, l’instauration d’un système de pointage numérique, le lancement de quatre projets de transformation digitale et de modernisation, la remise de tablettes électroniques de type Windows Surface Pro aux députés, la digitalisation du vote parlementaire, la modernisation et la réfection du bâtiment, des avancées concrètes dans le traitement des revendications syndicales, la mise en place d’un système de comptabilité interne, la création d’un organe interne de passation des marchés, la promotion de la diplomatie parlementaire et enfin la création d’un logo officiel, d’une charte graphique et d’une image de marque.


Ce vaste chantier ne saurait aboutir sans un engagement sincère en faveur d’une communication transparente et d’un accès réel à l’information publique. Dans un contexte où la désinformation prolifère et la manipulation menace les fondements de l’opinion, garantir aux citoyens l’accès à la vérité devient un impératif démocratique. C’est dans cet esprit que je m’adresse, en tant que journaliste indépendante, au président du Parlement, à propos du cas de Bachir Fofana.


Le journaliste et chroniqueur Bachir Fofana, actuellement en détention pour avoir soulevé certaines affirmations autour du marché des véhicules au sein du Parlement, mérite un traitement apaisé. Mon enquête a permis de clarifier certains faits, mais elle ne doit pas faire oublier que la place d’un journaliste, même imprudent ou mal informé, n’est pas derrière les barreaux. L’histoire récente du journalisme sénégalais nous l’a rappelé à travers les cas de Pape Alé Niang, Madiambal Diagne et d’autres encore. Aucun journaliste ne devrait porter le combat d’intérêts cachés ou se faire l’instrument d’une manipulation médiatique, mais nul ne doit non plus être privé de liberté.


On peut être manipulé de bonne foi, mais le véritable danger commence lorsque l’on choisit, en conscience, de rester complice de la manipulation. C’est pourquoi, au nom de cette noble profession que je défends, au nom du droit à l’information, de la liberté de presse et du dialogue républicain, je demande solennellement au président El Hadji Malick Ndiaye de pardonner à Bachir Fofana son erreur afin qu’il soit libéré et que cette affaire serve de leçon à tous.


Zaynab Sangarè, journaliste d’investigation indépendante, Data journalistique

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Harouna Fall

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