Manipulation Politique et Fausses Accusations : Le Cas de la Dette Sénégalaise

dimanche 30 mars 2025 • 777 lectures • 0 commentaires

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Manipulation Politique et Fausses Accusations : Le Cas de la Dette Sénégalaise

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iGFM - (Dakar) Le 26 septembre 2024, le Premier ministre du Sénégal a accablé le gouvernement précédent d’une accusation lourde : celle d’avoir falsifié les chiffres de la dette publique.

Cette déclaration, rapidement relayée par les médias, a pris une ampleur considérable et a immédiatement plongé le pays dans une crise politique et économique majeure. Pourtant, après des investigations approfondies, il a été démontré que ces accusations étaient infondées. Cet événement met en lumière les dangers d’une communication politique mal maîtrisée et soulève des questions essentielles sur la transparence gouvernementale et la gestion des finances publiques.

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À cette déclaration s’est ajouté un rapport controversé de la Cour des comptes, qui a alimenté davantage le débat, suggérant que certaines irrégularités dans la gestion de la dette étaient bel et bien présentes. Ce rapport a été interprété par certains comme un soutien indirect aux propos du Premier ministre, bien qu’il ait été entaché de multiples défauts juridiques, notamment l’absence d’ampliation et de signatures officielles, remettant en cause sa validité. Il est désormais probable que ce rapport, loin de soutenir les accusations, ait été utilisé à des fins politiques, ce qui fragilise encore davantage la position du gouvernement actuel.

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Les conséquences de cette affaire ont été immédiates. En octobre 2024, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit du Sénégal de Ba3 à B1, puis, en mars 2025, Standard & Poor’s a rétrogradé la note souveraine à B, avec une perspective négative. Ces dégradations ont aggravé l’accès du pays aux financements internationaux, entraînant une hausse des taux d’intérêt et la réduction des investissements étrangers. Les projets d’infrastructure essentiels, comme les hôpitaux, les écoles et les routes, ont vu leur financement gelé. Ces mesures ont directement affecté la capacité du gouvernement à répondre aux besoins de la population.


En parallèle, le Fonds Monétaire International (FMI) a suspendu ses programmes d’aide, exigeant des preuves concrètes pour justifier les accusations portées par le Premier ministre. Ce geste fort du FMI a déclenché une réaction en chaîne, rendant les négociations plus difficiles et plus longues. Le FMI a précisé que la reprise de son soutien ne pourra avoir lieu que si des preuves solides sont fournies, ce qui met le gouvernement sénégalais dans une situation particulièrement délicate.


Les conséquences de cette crise se sont rapidement répercutées sur la population. La suspension de l’aide internationale et la dégradation de la note souveraine ont précipité une augmentation des prix des biens essentiels, notamment les produits alimentaires, les carburants et les médicaments. Cela a accentué la pression sur les ménages à faibles revenus, déjà éprouvés par l’inflation et les difficultés économiques. En outre, la réduction des dépenses publiques a eu un impact direct sur les services sociaux. Les hôpitaux publics, déjà sous-financés, ont dû fermer certaines unités de soins, et l’accès à l’éducation s’est dégradé, avec une augmentation des frais scolaires pour les familles les plus pauvres.


Cette crise a exacerbé la méfiance croissante entre les citoyens et leurs dirigeants. Alors que le pays se trouve en pleine tourmente économique, les Sénégalais se sentent abandonnés et trahis par des gouvernements successifs incapables de garantir une gestion transparente et équitable des finances publiques. La société civile, les syndicats et les partis d’opposition se sont mobilisés pour exiger des explications claires, mais le manque de transparence de la part des autorités a jeté de l’huile sur le feu. La situation est d’autant plus délicate que cette crise touche directement les secteurs vitaux qui soutiennent la cohésion sociale et le développement du pays.


Face à cette crise, le gouvernement sénégalais est désormais confronté à des choix cruciaux. D’un côté, la crédibilité de l’administration est remise en question. Le rapport de la Cour des comptes, bien que non valide, semble avoir légitimé partiellement les accusations du Premier ministre. Mais sans preuves tangibles, les accusations restent vaines et fragilisent la position du gouvernement. De l’autre côté, l’absence de dialogue clair avec les partenaires internationaux et le FMI maintient l’incertitude, augmentant le risque de nouvelles dégradations économiques.


Pour sortir de cette impasse, plusieurs mesures doivent être envisagées. Premièrement, un audit indépendant, mené par des experts internationaux en collaboration avec des institutions nationales transparentes, est essentiel pour restaurer la confiance. Ce processus devra être public et accessible à tous les citoyens pour garantir qu’il ne s’agit pas d’une simple manœuvre politique. En outre, le gouvernement doit engager un dialogue diplomatique de haut niveau avec le FMI et d’autres partenaires financiers, pour trouver des solutions permettant de rétablir l’accès aux financements tout en assurant une gestion responsable de la dette. Le dialogue devra porter sur des réformes structurelles profondes, notamment dans la gestion des finances publiques, et sur des engagements clairs concernant la transparence fiscale.


Enfin, des mesures économiques d’urgence, telles que des programmes de soutien ciblés pour les ménages les plus vulnérables et des réductions fiscales temporaires pour les petites entreprises, pourraient être mises en place pour amortir les effets immédiats de la crise. Il est également impératif de renforcer les institutions nationales de contrôle afin d’assurer que de telles dérives ne se reproduisent pas à l’avenir. En parallèle, la sensibilisation des citoyens à la gestion des finances publiques doit être au cœur des priorités pour restaurer la confiance dans les institutions.


Cette crise, bien qu’il s’agisse d’un échec de gouvernance, offre une opportunité unique de refonder les bases d’une gestion plus transparente et plus responsable des affaires publiques. En agissant rapidement et en impliquant tous les acteurs sociaux et politiques dans la recherche de solutions, le Sénégal peut se relever de cette situation délicate et reconstruire un avenir économique plus stable et plus équitable pour tous. Cependant, l’inaction ou des décisions précipitées pourraient compromettre encore davantage les perspectives de développement et la confiance des citoyens dans leurs dirigeants.


 Ahmadou Bella Diallo
Président du Mouvement And Bollo Defar Sunu Rew
Responsable politique APR à Saly

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Publié par

Harouna Fall

editor

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