Drogue au Sénégal : une lutte renforcée face à un fléau qui se banalise

mardi 30 décembre 2025 • 153 lectures • 0 commentaires

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Drogue au Sénégal : une lutte renforcée face à un fléau qui se banalise

iGFM - (Dakar) Le Sénégal fait face à une évolution préoccupante du phénomène de la drogue. Longtemps cantonnée à une image de transit discret ou à une consommation marginale, la drogue s’impose désormais comme un problème structurel, à la croisée des enjeux de sécurité, de santé publique et de développement.

Un phénomène devenu structurel


La multiplication des saisies et des arrestations opérées ces dernières années par les forces de sécurité témoigne à la fois de l’ampleur du trafic et de l’intensification de la riposte de l’État. Mais au-delà des chiffres, c’est la banalisation progressive de la consommation, notamment chez les jeunes, qui interpelle.


Des substances de plus en plus diversifiées


Le cannabis reste la drogue la plus répandue au Sénégal, en raison de sa production locale et de sa large diffusion sur les marchés urbains. Toutefois, les services spécialisés observent une diversification croissante des substances en circulation.


Le pays est aujourd’hui identifié par plusieurs organismes internationaux comme un corridor stratégique du trafic de cocaïne reliant l’Amérique latine à l’Europe. À cela s’ajoute la présence accrue de drogues synthétiques et l’usage détourné de médicaments à base d’opioïdes, dont les effets sur la santé publique sont particulièrement préoccupants.


Cette diversification complique la lutte contre le trafic et accroît les risques sanitaires, dans un contexte où les capacités de prise en charge des addictions restent limitées.


Saisies et arrestations : une pression sécuritaire renforcée


Face à cette dynamique, l’État sénégalais a renforcé ses dispositifs opérationnels. L’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), la Gendarmerie nationale, les Douanes et la Police multiplient les opérations conjointes.


Ces derniers mois, plusieurs saisies importantes de cannabis, de cocaïne et de drogues synthétiques ont été enregistrées sur l’ensemble du territoire, aussi bien dans les zones urbaines que sur les axes maritimes et frontaliers. Des réseaux structurés, parfois à dimension internationale, ont été démantelés, conduisant à l’arrestation de nombreux suspects.


Les autorités soulignent que ces résultats sont le fruit d’un meilleur usage du renseignement, de contrôles ciblés et d’une coopération accrue avec des partenaires étrangers.


Des réseaux organisés et des vulnérabilités persistantes


Le trafic de drogue au Sénégal s’appuie sur des réseaux criminels hybrides, mêlant acteurs locaux et connexions transnationales. Les routes maritimes atlantiques, les plateformes portuaires et certains corridors terrestres demeurent des points sensibles.


Les rapports d’experts mettent également en lumière des failles institutionnelles exploitées par les trafiquants, notamment en matière de corruption, de détournement de produits pharmaceutiques et de blanchiment d’argent à travers des activités économiques légales.


Un impact social et économique préoccupant


La banalisation de la drogue a des répercussions directes sur la société sénégalaise. Les professionnels de la santé alertent sur la montée des addictions, les troubles psychologiques et la désinsertion sociale, particulièrement chez les jeunes.


Sur le plan économique, le trafic de stupéfiants fragilise l’économie formelle, alimente l’économie souterraine et génère des coûts importants pour l’État en matière de sécurité, de justice et de santé publique.


Une réponse qui ne peut être uniquement sécuritaire


Le Sénégal s’est doté d’un Plan stratégique national de lutte contre la drogue, misant sur la répression, la prévention et la coopération internationale. Le pays travaille étroitement avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), INTERPOL et les mécanismes de la CEDEAO.


Mais de nombreux observateurs estiment que la réponse sécuritaire, aussi nécessaire soit-elle, ne peut suffire. La lutte contre la drogue exige une approche globale, intégrant l’éducation, la prévention, la prise en charge sanitaire et l’insertion socio-économique.


Un défi durable pour la société sénégalaise


La multiplication des saisies et des arrestations montre une volonté politique claire de contenir le trafic. Elle révèle aussi l’ampleur d’un phénomène profondément enraciné dans des dynamiques nationales et régionales.


Au-delà des opérations ponctuelles, c’est la capacité du Sénégal à offrir des perspectives économiques, sociales et éducatives à sa jeunesse qui conditionnera l’efficacité durable de la lutte contre la drogue. Sans cette réponse globale, le risque demeure que la banalisation du fléau continue de progresser, au détriment de la cohésion sociale et du développement.


Par Bara TOP, Expert en communications, capitalisation et développement durable


 

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Publié par

Harouna Fall

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