Inondations: l’échec d’une gouvernance, l’urgence d’une nouvelle vision (Par Meleye Seck, Pr de l'Alliance des Bâtisseurs)

lundi 18 août 2025 • 142 lectures • 0 commentaires

Actualité 4 heures Taille

Inondations: l’échec d’une gouvernance, l’urgence d’une nouvelle vision (Par Meleye Seck, Pr de l\'Alliance des Bâtisseurs)

Chaque hivernage, le Sénégal revit le même cauchemar : quartiers engloutis, familles déplacées, commerces ruinés, routes coupées, écoles transformées en abris. L’État s’indigne, compatit, promet, crée des comités, annonce des plans d’urgence… puis oublie. Jusqu’à la prochaine pluie.

L’inondation n’est pas une fatalité climatique, mais une faillite politique. Ce qui noie nos villes, ce n’est pas la pluie. C’est l’absence de planification, l’urbanisation anarchique, la complaisance dans les lotissements illégaux et l’incapacité chronique à anticiper. On construit dans des cuvettes, on occupe les bassins de rétention, on délivre des permis de complaisance et l’on laisse vieillir un réseau d’assainissement obsolète. Alors, quand la pluie tombe, elle ne surprend personne : elle révèle.


Les conséquences sont désastreuses : des emplois détruits, des économies domestiques ruinées, un foncier dévalorisé, la santé publique fragilisée. Et chaque année, les mêmes scènes se répètent : ministres et maires en bottes, caméras en bandoulière, promesses recyclées. La charité remplace la stratégie. La politique de la photo au chevet des sinistrés n’est qu’une mise en scène de l’impuissance. Or ce que demandent les citoyens, ce n’est pas la pitié : c’est la dignité. Le droit de vivre au sec, d’envoyer ses enfants à l’école sans patauger, de protéger sa maison de l’eau et de la boue. 


Il est temps de rompre avec cette logique de l’urgence et du bricolage. Gouverner, ce n’est pas attendre que le ciel s’ouvre pour distribuer des sacs de sable. Gouverner, c’est prévenir et protéger. C’est investir dans l’assainissement, renforcer les réseaux d’évacuation, libérer les bassins de rétention et interdire les constructions dans les zones inondables. Le Sénégal a besoin de courage politique et de responsabilité. Il est temps de placer l’humain au cœur de l’action publique, d’écouter les sinistrés, d’agir avant plutôt qu’après, d’offrir aux citoyens autre chose que des images de détresse répétées à l’infini.


J’en appelle solennellement au Président Bassirou Diomaye Faye : qu’il fasse de ce combat son héritage. Que son mandat soit celui qui aura sorti le Sénégal de l’ère de l’improvisation pour entrer dans celle de la planification. L’histoire enseigne que les grandes civilisations se sont bâties en domptant l’eau. Déjà, 600 ans avant Jésus-Christ, Tarquin l’Ancien fit construire à Rome la Cloaca Maxima, un canal colossal destiné à drainer les marécages et à protéger la cité. Si Rome a laissé ce legs, pourquoi le Sénégal ne pourrait-il pas, à son tour, transformer la lutte contre les inondations en œuvre fondatrice ?


Les inondations ne doivent plus être le symbole de notre impuissance collective. Elles doivent devenir le point de départ d’une gouvernance nouvelle : transparente, responsable et visionnaire. Car un pays qui accepte de voir ses enfants dormir dans l’eau ne peut prétendre à l’émergence. Celle-ci commence par le respect de la dignité. Elle commence par un sol sec sous les pieds des Sénégalais.

Cet article a été ouvert 142 fois.

Publié par

Birame Ndour

editor

Soyez le premier à commenter

Je m'appelle

Téléchargez notre application sur iOS et Android

Contactez-nous !

Joe Naye Marone

Directeur

Service commercial