Bachir Kanouté: " Le Prix d’Excellence du Leadership Local s'inscrit dans la dynamique de l'Agenda 2063 de l'UA"

vendredi 11 juillet 2025 • 209 lectures • 0 commentaires

Actualité 16 heures Taille

Bachir Kanouté:

iGFM - (Dakar) Dans cet entretien accordé à IGFM M. Bachir Kanouté, PCA de Enda TM parle des missions d’Enda, de l’OIDP Observatoire International de la Démocratie Participative, du Prix d’Excellence du Leadership Local entre autres.

Parlez-nous de Enda tiers Monde ses entités et quels sont les principaux objectifs que ce réseau s’est fixé?


Merci pour votre question. Environnement, Développement et Actions dans le Tiers Monde (ENDA TM en abrégé) est une organisation internationale de la Société Civile, active depuis 1977, dans ce qu’on peut appeler le Sud Global couvrant l’Afrique, l’Amérique Latine et l’Asie. Son siège est à Dakar, grâce à un accord de siège signé entre le Gouvernement du Sénégal et les fondateurs de l’Organisation que sont : Cheikh Hamidou KANE (qui en a été le premier Président du Conseil d’Administration) et feu Jacques Bugnicourt (qui en a été le premier Secrétaire Exécutif).


Enda œuvre essentiellement pour un monde solidaire et en paix, respectueux du devenir de la Planète, des droits et de la dignité ́ humaine, de la justice sociale et de la diversité ́ culturelle, où les différentes ressources sont reparties équitablement et gérées dans l’intérêt des générations actuelles et futures.


Pour mieux comprendre sa structuration organisationnelle, puisque cette question revient souvent, j’emprunterai l’image des Nations Unies, composées de plusieurs programmes (PNUD, OMS, Onu HABITAT, UNIFEM, etc.), Enda Tiers Monde est composée de plusieurs entités spécialisées chacun dans un domaine pour promouvoir globalement les droits et la dignité humaines. Ainsi dix-sept entités composent l’organisation ici au Sénégal et actives dans des domaines divers et variés portant entre autres sur la santé (Enda Santé), l’Energie (Enda Energie), la problématique des enfants et jeunes (Enda jeunesse Action), de villes et territoires durables (Enda ECOPOP), eau et assainissement (Enda Eau Populaire), la Recherche, Action et formation (Enda GRAF) sur les questions d’alternatives au développement, etc.


Enda est également présent en Afrique (Éthiopie, Madagascar, Mali, Maroc, Tunisie, où nous avons l’une des plus grandes entités travaillant sur l’inclusion financière, etc.), en Amérique latine (Colombie, Bolivie et Brésil), en Asie (Vietnam, Inde, etc.) et enfin dans les Caraïbes (République Dominicaine). Toutes ces entités à travers le monde sont reliées par une Plateforme Stratégique Commune, d’actions orientées vers l’objectif de l’organisation et ont pour maitres mots : la solidarité, la paix, le respect des droits et de la dignité humaine, de la justice sociale et du devenir de la Planète.


Secrétaire général pour l’Afrique de l’OIDP Observatoire International de la Démocratie Participative, parlez-nous un peu de cette organisation?



J’assure la fonction honorifique de Président du Conseil d’Administration de Enda Tiers Monde et remercie tous les membres du Conseil d’Administration, pour cette confiance en m’élisant à ce poste. En ma qualité de Secrétaire Général, je dirige, l’Observatoire International de la Démocratie Participative en Afrique (OIDP Afrique), une organisation panafricaine dont la mission est de consolider les dynamiques de démocratie et la gouvernance participative en particulier en Afrique, de renforcer les processus, les institutions et les acteurs de la démocratie, de la gouvernance et du développement local en Afrique et enfin d’appuyer les États africains pour l’institutionnalisation des acquis de la démocratie participative dans les politiques publiques.


L’observatoire couvre à ce jour trente et un pays dont vingt-deux sont déjà dotés de points focaux nationaux qui déroulent des activités dans le domaine de la démocratie, gouvernance et développement.


Présentement, vous êtes sur un projet qui apparemment vous tient à cœur le PELL. Qu’est-ce que c’est concrètement?



Le Prix d’Excellence du Leadership Local, tient d’abord à cœur la Communauté africaine, car c’est une initiative qui tire son essence de l’Agenda 2063 adopté en 2013, par l’Union africaine. Cette volonté a été confirmée par les Chefs d’État réunis en sommet de l’Union africain en juin 2014 à Malabo, en adoptant la Charte africaine des valeurs et des principes de la décentralisation, de la gouvernance et développement local. A l’article 20 de cette charte, les chefs d’État ont recommandé l’institutionnalisation d’un système pour primer l’excellence et la créativité dans la gouvernance territoriale.


L’initiative du Prix d’Excellence du Leadership Local (PELL), organisée depuis 2018 au Sénégal, par l’OIDP Afrique en collaboration avec Enda ECOPOP et d’autres partenaires, s’inscrit dans cette dynamique et se veut une approche pour distinguer et primer les bonnes pratiques, expériences inspirantes et innovations dans la gouvernance territoriale.


Capitalisant les succès au Sénégal et dans l’édition sous régionale, la Cinquième session ordinaire du Comité Technique Spécialisé de l’Union Africaine sur la Fonction Publique et l’Administration, les Collectivités Locales, le Développement Urbain et la Décentralisation (CTS n°8-UA), tenue le 20 décembre 2024 à Tunis, a adopté le principe du Programme panafricain de récompenses pour la Décentralisation, la Gouvernance et le Développement Local.


L’édition panafricaine du Prix d’Excellence, que nous tenons cette année, s’inscrit dans cette perspective et sera organisée par l’OIDP Afrique, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine et Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA). Lancée depuis le 21 mars en présence du Ministre Moussa Balla FOFANA, en sa qualité du Président du Sous-Comité Technique de l’Union africaine en charge de la décentralisation et des Collectivités territoriales en Afrique, M. Jean Pierre Elong MBASSI, Secrétaire Général de Cités et Gouvernement Locaux Unis d’Afrique, basé à Rabat au Maroc, M. Issaka Garba, Directeur de la gouvernance et la prévention des conflits de la  Commission de l’Union africaine et M. Oury DIALLLO, Président de l’Union des Associations des Élus Locaux du Sénégal.


Cette édition couvre l’ensemble des pays d’Afrique et à quelques jours de la clôture des soumissions sur la plateforme numérique créée à cet effet, les statistiques sont assez bonnes et font état de 21 candidatures venant des Ministères en charge de la décentralisation et des collectivités territoriales, 213 candidatures venant des collectivités territoriales, 57 soumissions de universitaires et chercheurs d’Afrique, 31 soumissions venant des journalistes et communicants, 341 soumissions des citoyens modèles transformateurs et enfin 24 soumissions faites par les enfants et jeunes créateurs musicaux.


Avez-vous d’autres projets en parallèle ou à venir?


L’autre initiative majeure de l’OIDP Afrique, porte sur l’organisation de la 6ème édition du Forum International de la Démocratie Participative (FIDEPA 5), qui se tiendra du 04 au 06 novembre 2025 à Dakar, après les éditions de Maputo en 2023 et Cotonou en 2024. Cette année, l’idée centrale qui regroupera les décideurs publiques, autorités locales, chercheurs, leaders de la société civile et citoyens, portera sur le thème « De la résilience à la souveraineté : rôles des villes, territoires et acteurs ». Ce thème retient l’attention des acteurs du développement depuis la survenance de la crise sanitaire du COVID et le débat devenu récurent ces dernières années sur les perspectives d’évolution de l’Afrique comme continent intégré, uni, en paix et souverain (Aspiration 2, Agenda 2063 Afrique que nous voulons).


Nous attendons en moyenne un millier de participants venant d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe, pour ce forum qui sera une occasion privilégiée pour échanger, partager et favoriser le dialogue entre les gouvernements, les institutions internationales, la communauté scientifique, la société civile et les citoyens. Le forum contribuera à l’élaboration de recommandations concrètes pour que les villes et territoires africains puissent jouer un rôle plus stratégique dans la construction de la résilience face aux défis et crises multiformes et de la souveraineté de l’Afrique. Il s’agira d’un rendez-vous international d’acteurs engagés pour des formes innovantes de gouvernance, où les territoires deviennent le point d’ancrage de la transformation démocratique, de l’inclusion sociale et de la souveraineté.


⁠⁠Vous êtes de la société civile et les conclusions du Dialogue Politique auquel vous avez pris part et qui sont remises au chef de l’État, quelles sont vos attentes?


Ce dialogue tenu au Sénégal est en parfaite adéquation avec les points soulevés tantôt, sur la nécessité de renforcer les échanges entre acteurs pour définir des larges plages de convergence. Le dialogue politique initié par le Chef de l’État au Sénégal et pour lequel la société civile a grandement contribué aux côtés des autres acteurs, a été un temps fort de mobilisation, de réflexion et mise en perspective pour que le pays soit fortement ancré dans les valeurs de la démocratie et des droits humains.  Je reste persuadé que cela constituera un tournant politique décisif. Nos attentes fortes sont que ce moment de mobilisation intense ne soit pas un dialogue de plus qui finira dans les tiroirs. Pour ce faire, il faudra à mon avis que : les conclusions du dialogue politique remises au Chef de l’État, soient adossées à une ferme volonté de mettre en application, des points de convergence par le Chef de l’État qui en est le commanditaire et nous l’en félicitons, les points de divergence, continuent à faire l’objet de réflexion inclusive et du don de soi par tous les acteurs et à toutes les échelles, pour des solutions durables, innovantes et courageuses. Le suivi et l’autoévaluation participative permettent de faire un monitoring régulier pour ensemble des solutions inscrites dans les conclusions du Dialogue. Cela peut se faire par l’intermédiaire d’un organe de suivi qui produira régulièrement des rapports sur l’état de la démocratie et du dialogue politique au Sénégal.



On assiste actuellement à une floraison d’entités se réclamant de la société civile. Vous qui êtes un homme du sérail en la matière on va dire, est-ce une bonne ou une mauvaise chose?


La multiplication des initiatives portées par la société civile composée d’organisation non gouvernementales, des coopératives, des groupements de femmes ou de jeunes, d’associations diverses est quelque chose de bien et à encourager. Elles permettent une prise en charge holistique et adéquate des droits économiques, sociaux, culturels et politiques des populations et communautés. Si elles fonctionnent correctement, ces entités permettent d’aller là où l’état central ou local a du mal à accéder et y relayer et souvent amplifier la voix des sans voix. Nous voyons des organisations crédibles et qui font un travail exemplaire avec des impacts réels, pour la transformation sociétale dans les secteurs divers comme l’accès à l’eau potable et assainissement, l’éducation, l’insertion socioéconomique, le renforcement du leadership féminin, l’accompagnement de la décentralisation, la gouvernance et le développement local, la santé, l’énergie, etc. Quand on mesure l’impact économique des interventions de la société civile, cela représente une contribution très importante à l’économie nationale, mais également à la pacification de l’espace civique et la consolidation de la paix.


Cependant, comme dans tout domaine, y a également des organisations se réclamant de la société civile et qui font tout le contraire de ce qui fonde la crédibilité, l’éthique et la déontologie de la marche de la société civile, avec des relents politiques, religieux, économico-financiers, etc.


Il faudra y veiller pour que ces mauvais exemples n’impactent pas l’image de la société civile dans sa globalité. Pour cela, l’État qui est le réceptacle de toutes ces interventions, doit jouer son rôle de veille, de régulation et d’accompagnement, pour mieux articuler ces initiatives locales portées par les organisations de la société civile avec les politiques publiques. L’auto régulation devra également se faire à travers des faitières comme le Conseil des Organisations Non Gouvernementales (CONGAD), la Plateforme d’Appui à la Société Civile qui, ces derniers moments fait un important travail dans le sens d’appuyer les organisations de la société civile autour de thématiques porteuses de développement comme l’agriculture, la sécurité alimentaire; la gestion des ressources naturelles, minières et extractives, l’emploi des jeunes, la transparence et suivi budgétaire, la migration qui est aujourd’hui un défi majeur qui interpelle des décideurs politiques, etc.


⁠Quel est votre dernier mot?



Le dernier mot sera un appel à collectivement poursuivre, intensifier et massifier le travail d’édification et de réhabilitation sociale et économique des communautés vulnérables et/ou marginalisés ; mais également l’habilitation des pauvres et exclues des espaces de décision et des systèmes de gestion, aux différentes échelles du local au global. Il n’y a pas d’autres issus que la co-construction et portage de sociétés durables et d’un monde respectueux des droits et de la dignité humaine, de la justice sociale et de la diversité ́ culturelle.


 

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Publié par

Harouna Fall

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