Dakar, entre héritage colonial et métropole africaine du futur : enjeux de décolonisation urbaine et de réinvention territorial

lundi 15 septembre 2025 • 244 lectures • 0 commentaires

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 Dakar, entre héritage colonial et métropole africaine du futur : enjeux de décolonisation urbaine et de réinvention territorial

iGFM - (Dakar) Dr Cheikh Ahmed Tidiane FAYE, Spécialiste en géomorphologie appliquée à l’aménagement du territoire, Enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar : cheikhat.faye@ucad.edu.sn

Amadou Alioune SARR, Ingénieur en systèmes embarqués pour les véhicules autonomes et consultant spécialiste en mobilité, transport et smart cities : amadoualiounesarr@gmail.com


Introduction


Dakar n’a pas été bâtie pour nous ; la ville a été pensée pour la France, pour l’Europe, pour l’extérieur. Le Sénégal indépendant a érigé en capitale, un marché colonial : Dakar. Depuis son érection en capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF) en 1902, Dakar s’est construite à la croisée de logiques coloniales, voire mondiales : un port pour exporter l’arachide imposée à la colonie par la France, un chemin de fer pour relier l’hinterland aux navires coloniaux, un aéroport pour servir de base stratégique aux puissances.


Ces infrastructures, mises en place par le pouvoir colonial répondaient d’abord aux impératifs d’exportation et de domination, et non à un développement et à une intégration nationale ou régionale (Suret-Canale, 1964 ; Diouf, 1998). « Les villes coloniales africaines ont été conçues pour contrôler, exploiter et évacuer », rappelle l’historienne Odile Goerg. Dakar en est l’exemple le plus frappant : on y trouve un Plateau administratif vitrine, une Médina reléguée, et des infrastructures calibrées pour l’extérieur plutôt que pour le pays. Résultat : une capitale hypertrophiée, macrocéphale, qui attire et aspire tout, au détriment de son arrière-pays et même de ses propres banlieues.


Aujourd’hui, Dakar concentre près de 25 % de la population du Sénégal et plus de 50 % de l’activité économique (ANSD, 2022), cristallisant à la fois les opportunités de la mondialisation et les fragilités d’une urbanisation héritée. L’enjeu est désormais de transformer la capitale en une métropole africaine inclusive, écologique et souveraine, tout en rompant avec les logiques d’extraversion coloniale. Ce diagnostic doit être prolongé par une vision stratégique de transformation. Pour cela Dakar doit penser sa mutation autour de trois couches essentielles :


Infrastructures physiques : transports, énergie, eau, télécommunications.
Données et IoT : capteurs intelligents et plateformes numériques,
Gouvernance et services : e-gouvernement, open data, budgets participatifs et inclusion sociale.
Le Sénégal a l’opportunité de sauter des étapes (leapfrog) en adoptant directement des solutions numériques inclusives, comme la billettique intégrée au mobile money et une gouvernance participative appuyée sur le digital. Dakar peut ainsi devenir un laboratoire panafricain de la Smart City, au lieu de rester l’héritière d’un modèle colonial.


Dans cette optique, nous comparons Dakar à plusieurs Smart Cities emblématiques africaines (Kigali, Nairobi, Cape Town, Casablanca) et internationales (Singapour, Barcelone, Dubaï) L’objectif est d’identifier des leviers technologiques, urbains et institutionnels inspirants pour Dakar et de dégager des modèles pertinents qui pourraient justifier la création d’une nouvelle capitale au Sénégal.


1.     Un héritage colonial qui pèse lourd : des infrastructures pensées pour exporter, pas pour intégrer ni développer
Lorsque l’on observe nos grandes villes africaines, un constat s’impose : nombre de leurs infrastructures majeures ne sont pas nées d’une volonté de développement, mais d’une logique d’exploitation coloniale. Comme l’ont montré Catherine Coquery-Vidrovitch (1993) et Paul Pélissier (1966), la logique coloniale d’aménagement visait avant tout à relier l’intérieur du continent aux ports, afin d’acheminer les matières premières et les ressources vers l’Europe.


Le Sénégal illustre parfaitement cette réalité (faut-il le rappeler) avec des équipements emblématiques : le port de Dakar et l’aéroport de Yoff, Le chemin de fer Dakar-Niamey, Le Plateau administratif de Dakar. Ces infrastructures furent conçues pour exporter les richesses vers la métropole coloniale, pas pour développer le pays de manière endogène :


Le port de Dakar (1900) fut pensé comme tête de ligne du chemin de fer Dakar-Niger ; il a été achevé en 1924 et servait à évacuer l’arachide, le coton et les phosphates vers la France. Le port de Dakar fut alors un couloir d’exportation plus qu’un outil d’intégration nationale. Aujourd’hui encore, il concentre près de 90 % du trafic maritime du pays, accentuant la dépendance de Dakar.
L’aéroport de Dakar (Yoff, puis Léopold Sédar Senghor) est passé d’une base militaire stratégique à un hub aérien vers l’Europe, servant plus la projection coloniale que les mobilités régionales.
Le chemin de fer Dakar-Niger est une artère coloniale drainant les ressources de l’hinterland vers la côte, sans mailler les régions entre elles : un passager peut voyager de Bamako à Dakar, mais difficilement de Tambacounda à Ziguinchor. Les mines de phosphates de Thiès étaient reliées directement à Dakar par rail, dans une logique d’exportation brute.
Les routes coloniales fonctionnent comme axes d’exportation où les principales routes construites pendant la colonisation reliaient les sites de production agricole aux ports, facilitant ainsi l’exportation des ressources vers l’Europe. Ces infrastructures ont été pensées pour servir les intérêts coloniaux, sans prendre en compte les besoins de développement interne ou d’intégration régionale. Les infrastructures arachidières (huileries, silos, entrepôts) autour de Kaolack et Diourbel étaient branchées sur le réseau d’export, mais sans transformation industrielle locale.
Le Plateau administratif de Dakar est bâti sur le modèle haussmannien ; il séparait le «quartier blanc» de la Médina «indigène», illustrant une ségrégation spatiale toujours visible. Autrement dit, un quartier administratif vitrine de la puissance coloniale, opposé à la Médina «indigène» reléguée et marginalisée. Cette dualité reste visible dans les contrastes urbains : immeubles institutionnels et villas coloniales d’un côté, quartiers populaires surpeuplés de l’autre. Le Plateau de Dakar a été aménagé pour abriter les institutions coloniales, symbolisant le pouvoir administratif et militaire de la France en Afrique de l’Ouest.
Ces infrastructures avaient un point commun : elles étaient radiales (de l’intérieur vers la côte) et extraverties (tournées vers l’Europe). Elles ne cherchaient pas à intégrer les territoires nationaux, à fluidifier les échanges internes ou à améliorer la vie quotidienne des populations.


Bien que modernisées et élargies après l’indépendance du Sénégal en 1960, ces infrastructures portent toujours les stigmates de leur conception initiale. Elles concentrent les flux autour de Dakar, renforcent la centralisation et la dépendance vis-à-vis de l’économie mondiale, sans toujours répondre aux défis de l’équilibre territorial ou de l’intégration nationale. Toutes ces infrastructures avaient une logique externe : extraction, transit, exportation.


Contrairement à Dakar, certaines villes ont su concevoir des infrastructures au service de leur intégration interne et de leur souveraineté :


Singapour a bâti un système portuaire et logistique pensé non seulement pour l’exportation, mais surtout comme hub mondial interconnecté avec ses propres zones industrielles et technologiques :
Barcelone a transformé des infrastructures obsolètes en superblocks et en hubs numériques, réduisant la pollution de 25 % de NO₂ et rendant l’espace public aux habitants ;
Casablanca a modernisé ses réseaux grâce à des PPP innovants (tramway, eau, énergie avec IBM, Cisco, Lydec), économisant 24 millions de m³ d’eau par an et transportant plus de 200 000 passagers/jour via son tramway.
Le contraste est net : Dakar reste prisonnière d’un modèle hérité d’extraction et d’extraversion, tandis que d’autres métropoles ont utilisé leurs infrastructures comme leviers d’intégration, d’innovation et de durabilité. Dans le contexte actuel de territorialisation des politiques publiques, nous n’avons pas le choix : Dakar doit changer.


2.     Banlieues et arrière-pays : fractures héritées
Pendant que la ville de Dakar déborde, celles de Saint-Louis, Kaolack et Ziguinchor restent en marge, prisonnières d’un système où tout converge vers la presqu’île, mais rien ne circule entre les régions. Les flux contournent l’intérieur du pays : on peut voyager en train de Bamako à Dakar, mais pas de Tambacounda à Ziguinchor, ni de Matam à Saint-Louis encore moins de Tambacounda à Bakel.


Les banlieues de Dakar (Pikine, Guédiawaye, Rufisque) subissent la pression démographique, une urbanisation incontrôlée et une marginalisation économique, loin du prestige du Plateau. Dans ce cadre, Dakar attire et concentre, mais ne redistribue pas.


La grande question reste donc posée : comment transformer cet héritage colonial en de véritables leviers de développement inclusif, capables de servir d’abord les besoins des populations locales plutôt que ceux d’un système hérité ? Certaines métropoles africaines offrent des modèles inspirants pour éviter la macrocéphalie :


Kigali (Rwanda) : Mise en place d’un réseau de bus électriques et du système de paiement Tap&Go, qui réduit la dépendance à la voiture individuelle. Objectif 2030 : 80 % des habitants à moins de 10 minutes d’un transport public. Une politique qui limite l’exode vers le centre et soutient l’équilibre territorial.
Nairobi (Kenya) : Déploiement du BRT électrique prévu pour transporter 300 000 passagers/jour, intégré aux paiements M-Pesa. Exemple d’intégration entre mobilité intelligente et fintech locale, offrant aux périphéries un accès économique et connecté.
Cape Town (Afrique du Sud) : Après la crise de l’eau de 2018, la ville a réduit sa consommation de 50 % en 3 ans grâce aux compteurs intelligents et à une gouvernance participative. Preuve que la data et la gestion partagée peuvent renforcer la résilience et la confiance citoyenne, y compris dans les zones périphériques.
Leçons pour Dakar :


Développer un réseau de mobilité interrégional (rail électrifié, BRT régionaux, liaisons verticales nord–sud) ;
Doter l’ensemble des pôles territoires d’équipements smart (Wi-Fi public, e-services administratifs, centres d’innovation) ;
Intégrer la résilience climatique dans la planification (inondations, montée des eaux).
Et si on osait la rupture ?
La grande question reste posée : comment transformer cet héritage colonial en leviers de développement inclusif ? Face à ces défis, il ne s’agit pas de renier Dakar, mais de la réinventer :


Déplacer les fonctions lourdes par la reconversion de l’actuel port en un «Financial District», en marina, campus maritime ou espaces culturels et quartiers verts. De même, reconvertir l’ancien aéroport de Yoff en parc technologique panafricain ou en campus universitaire de rang mondial ;
Réinventer le Plateau en transformant ses bâtiments coloniaux en musées numériques, hubs créatifs, bibliothèque panafricaine, d’une part, y intégrer aussi du logement social écoresponsable pour briser la logique d’exclusion, d’autre part ;
Repenser les mobilités à travers un réseau ferroviaire national électrifié reliant par exemple Saint-Louis, Kaolack, Tambacounda et Ziguinchor, et des routes verticales reliant Richard-Toll – Sédhiou, Aéré Lao – Vélingara, au lieu de lignes centrées sur Dakar. Songer à développer aussi bus électriques, tramway, taxis solaires, bateaux taxis;
Faire de Dakar une capitale écologique en misant sur des éco-quartiers solaires, la ceinture verte urbaine, l’agriculture périurbaine, en perspective de transformer Dakar en première capitale africaine zéro carbone en 2050 ;
Gouvernance décolonisée en ciblant des budgets participatifs numériques, des conseils de quartier connectés en sus de l’implication citoyenne dans les usages des espaces libérés ;
Délocaliser certaines infrastructures, le transfert des activités portuaires vers Ndakhonga, Bargny, Saint-Louis où Lompoul, Kaolack et renforcer Ziguinchor comme hub maritime, consolider l’aéroport Blaise Diagne comme hub aérien africain ;
Ces projets futuristes ne sont pas des utopies : Kigali a déjà lancé ses bus électriques, Addis-Abeba son train urbain électrique, et Johannesburg a transformé d’anciennes zones coloniales en quartiers culturels branchés. Dakar doit choisir : continuer à être une capitale héritée, ou devenir une métropole africaine du XXIᵉ siècle, inclusive et souveraine. Cela suppose de :


sortir d’une logique d’extraction pour construire des infrastructures qui intègrent les régions ;
adopter un urbanisme écologique (quartiers solaires, récupération d’eau, architecture bioclimatique) ;
inventer une gouvernance urbaine participative, où les habitants décident de leur ville via des budgets participatifs et des plateformes citoyennes.
Comme le souligne Achille Mbembe, « l’Afrique doit inventer ses propres modèles urbains », et Dakar peut en être le laboratoire. Pour réussir cette rupture, Dakar doit intégrer une couche numérique et intelligente dans chacune de ses transformations :


Plateforme E-Dakar : un Operating System urbain centralisant mobilité, énergie, eau, fiscalité locale et participation citoyenne. Inspirée de Dubaï (Paperless, Happiness Meter) et de Barcelone (Decidim), cette plateforme rendrait l’administration transparente et inclusive.
Corridors logistiques intelligents : connecter le Port de Ndakhonga aux ports secondaires (Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor) via rail et routes numériques, avec suivi temps réel des flux grâce à l’IoT.
Mobilité intégrée : déployer une interopérabilité avec les autres types de transport permettant des déplacements fluides et accessibles dans tout le Sénégal et au-delà.
Urbanisme data-driven : exploiter les données (trafic, climat, stationnement, sens et types des déplacements, consommation énergétique etc.) pour orienter l’aménagement. Ex. : capteurs d’inondation pour l’édification de nouveaux habitats, analyse prédictive pour anticiper le niveau de montée des eaux et d’érosion côtières
Smart districts : créer des zones pilotes combinant logements intelligents, énergies renouvelables, coworking et hubs d’innovation, pour attirer talents et investisseurs.
Des bâtiments publics intelligents, décarbonés et autonomes en énergie (solaire)
Cette rupture n’est pas seulement urbanistique mais politique et technologique : elle place Dakar dans la course des métropoles globales tout en affirmant sa souveraineté africaine.


Et si l’avenir passait par une nouvelle capitale ?
Mais la question demeure : peut-on vraiment corriger l’hypercentralisation en gardant Dakar capitale ? L’histoire montre que d’autres pays ont fait des choix radicaux : Abuja au Nigeria, Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, Dodoma en Tanzanie. Et si le Sénégal osait, lui aussi, déplacer sa capitale ? Le triangle Joal-Thiadiaye-Mbour offre un site stratégique :


Position centrale : au Centre-ouest, mieux relié à Kaolack, Fatick, Tambacounda et Ziguinchor;
Accessibilité : proche de l’aéroport Blaise Diagne et des grands axes routiers;
Espaces disponibles : pour planifier une capitale pensée pour le XXIᵉ siècle, et non pour le XIXᵉ;
Ouverture atlantique : proximité de Joal et Mbour et de Ndakhonga (port moderne complémentaire).
Ici, le Sénégal pourrait bâtir une capitale écologique, inclusive et citoyenne. Cette nouvelle ville, en libérant Dakar de sa centralisation étouffante, donnerait un souffle nouveau à ses banlieues et à son arrière-pays.


Une nouvelle capitale ne devrait pas seulement être un transfert administratif, mais un véritable démonstrateur urbain et innovant :


Ville zéro carbone : conçue dès l’origine avec bâtiments intelligents, micro-grids solaires, récupération d’eau, mobilité électrique et planification bioclimatique.
Transports massifs : lignes ferroviaires électrifiées, BRT électriques, pistes cyclables connectées, intégrées dans une billettique numérique unique.
Administration numérique native : toutes les démarches digitalisées dès le départ (identité numérique unique type SingPass de Singapour).
Participation citoyenne : budgets participatifs en ligne, plateformes de consultation publique, appli mobile pour co-construire la ville.
Innovation économique : clusters technologiques et zones franches vertes, pour attirer start-ups africaines et internationales.
Exemple inspirant : Masdar City (Abu Dhabi), conçue comme un prototype écologique et technologique. Même si son développement reste partiel, elle prouve la faisabilité d’un projet urbain pensé ex nihilo avec un cap environnemental fort. Le Sénégal peut donc tirer profit de ces expériences : créer une capitale pensée pour le XXIᵉ siècle, et non héritée des logiques coloniales du XIXᵉ.


Un nouveau pacte territorial
Pour un nouveau pacte territorial, il ne s’agit pas d’opposer Dakar à une future capitale, mais de repenser leur rôle :


Dakar deviendrait capitale économique et culturelle, vitrine de la créativité et de l’ouverture internationale ;
La nouvelle capitale Thiadiaye serait le Centre politique et administratif, moteur d’un maillage territorial équilibré ;
Le hinterland et les banlieues profiteraient de la redistribution des fonctions et des investissements.
En somme, inventer une capitale africaine du futur, qui ne soit plus une excroissance coloniale mais le symbole d’une souveraineté urbaine réinventée. Pour réussir ce pacte territorial, il faut penser en termes de système urbain national :


Hubs régionaux interconnectés : développer des pôles régionaux (Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor, Tambacounda) reliés par un réseau ferroviaire électrifié et par des corridors numériques (Internet haut débit, plateformes e-gouvernance locales).
Interopérabilité nationale : mettre en place une billettique unifiée pour tous les modes de transport, intégrée au Mobile Money, afin de fluidifier la mobilité des citoyens à travers tout le pays.
Redistribution des investissements : orienter les PPP et les fonds souverains non plus seulement vers Dakar, mais vers la construction d’écosystèmes économiques régionaux (agro-industrie à Kaolack, logistique à Ziguinchor, innovation numérique à Saint-Louis).
Réseau de Smart Cities sénégalaises : au lieu d’un modèle centré sur Dakar, penser un maillage de villes intelligentes connectées, chacune spécialisée mais interopérable.
Marque urbaine panafricaine : positionner Dakar et la nouvelle capitale comme laboratoire panafricain des Smart Cities, exportant ses innovations (billettique, urbanisme écologique, e-gouvernance) vers le continent.
Originalité architecturale : s’inspirer de notre patrimoine historique culturel en intégrant les matériaux durables pour mieux prendre en charge nos contraintes sociales et familiales
Ce pacte ne vise pas seulement à rééquilibrer le territoire, mais à bâtir une souveraineté urbaine et numérique : des villes africaines conçues pour elles-mêmes et non pour l’extraversion coloniale.


Conclusion
La transformation de Dakar en métropole africaine du futur implique un double mouvement : déconstruire les héritages coloniaux qui ont figé son urbanisme dans la dépendance, et inventer une gouvernance citoyenne, inclusive et écologique. Il ne s’agit pas de rompre avec l’histoire, mais de la réinterpréter pour projeter une capitale capable d’exporter non plus seulement des matières premières, mais des innovations, des savoirs et des modèles de résilience.


En résumé : Transformer l’héritage colonial, ce n’est pas seulement déplacer des infrastructures, c’est refonder le projet de ville. Dakar peut devenir la première métropole africaine souveraine, écologique et inclusive, symbole d’un avenir où l’Afrique se construit sur elle-même et pour elle-même.


Ce chantier n’est pas qu’urbanistique, il est éminemment politique. Déplacer et transformer ces infrastructures, c’est rompre avec la logique coloniale d’extraction et affirmer une nouvelle vision africaine du développement. C’est décider que nos ports, nos aéroports, nos gares et nos villes ne sont plus des passerelles de sortie des richesses, mais des plates-formes de circulation interne, d’intégration régionale et de création de valeur locale.


La décolonisation et le souverainisme véritable passe aussi par-là : refaire nos villes pour qu’elles ne soient plus des prolongements de la colonie, mais des expressions concrètes de notre souveraineté et de notre identité culturelle.


Dakar doit inventer un modèle hybride et souverain, combinant :


l’efficacité digitale de Singapour (identité numérique, jumeau urbain, infrastructures intégrées),
la participation citoyenne de Barcelone (superblocks, budgets participatifs, urbanisme inclusif),
la sobriété pragmatique de Kigali (mobilité électrique, gouvernance simple mais efficace).
Ce modèle ferait de Dakar le premier laboratoire panafricain de villes intelligentes, capable d’exporter des solutions locales vers le continent : billettique interopérable avec le Mobile Money, gouvernance numérique inclusive, urbanisme résilient face au climat.


L’objectif n’est donc pas seulement de corriger une capitale héritée, mais de bâtir une métropole africaine souveraine, écologique et inclusive, symbole d’un avenir où l’Afrique construit ses propres références. Dakar pourrait ainsi devenir la première capitale africaine zéro carbone et 100 % connectée, un pôle d’innovation et de citoyenneté urbaine pour le XXIᵉ siècle.


 

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Publié par

Harouna Fall

editor

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