Sabots contre habitats : Équilibre entre l’élevage et l’environnement : un enjeu clé pour l’avenir de l’Afrique ( Daouda Ngom)

vendredi 2 mai 2025 • 50 lectures • 0 commentaires

Environnement 19 heures Taille

Sabots contre habitats : Équilibre entre l’élevage et l’environnement : un enjeu clé pour l’avenir de l’Afrique ( Daouda Ngom)

Alors que l’élevage est parfois perçu comme un frein à la préservation de l’environnement, de nombreuses initiatives africaines montrent qu’il peut au contraire en être un levier. Cet article met en lumière les solutions innovantes et les efforts de collaboration à renforcer pour assurer un avenir durable, prospère et nourricier pour l’Afrique; Un éclairage du ministre de l'Environnement et de la Transition écologique ,Daouda Ngom

Au Sénégal, près de 70 % de nos terres sont utilisées comme terres de parcours et exploitées pour le pâturage du bétail. Dans notre pays et à travers toute l’Afrique, les éleveurs jouent un rôle essentiel dans des systèmes pastoraux et agropastoraux qui sont profondément liés à nos paysages et essentiels pour la sécurité alimentaire, la croissance économique et l’équilibre écologique de nos nations.



Cependant, il est souvent suggéré que, pour garantir un avenir durable, il nous faudrait choisir entre l’élevage et la préservation de l’environnement, certains considérant l’élevage comme une « charge écologique ».
Cette idée est mal comprise. En Afrique, des approches et technologies innovantes sont mises en place pour permettre à l’élevage et à l’environnement de coexister harmonieusement. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, ce sont davantage d’investissements et de collaborations pour amplifier ces solutions.


Bien que l’Afrique subsaharienne abrite plus de 85 % des pasteurs et éleveurs du monde, elle ne représente que 2,8 % de la production mondiale de viande et de lait. Par conséquent, un Africain sur cinq n’a pas un accès suffisant à des aliments nutritifs, y compris des produits d’origine animale. Pourtant, un simple œuf, un verre de lait ou un petit morceau de viande peut faire une grande différence dans la lutte contre la malnutrition.


Parallèlement, la population en Afrique croît et s’urbanise plus rapidement que dans toute autre région du monde. La demande en viande et en produits laitiers devrait augmenter de 300 % d’ici 2050.


Heureusement, il existe déjà des preuves solides montrant qu’il n’est pas nécessaire de sacrifier l’environnement pour répondre à cette demande croissante.


Au Sénégal, les éleveurs adoptent des pratiques de gestion pastorale stratégiques, le long des pâturages naturels, en tenant compte des conditions pluviométriques pour éviter le surpâturage. Cette approche contribue à la préservation de la biodiversité, à l’amélioration de la qualité des sols et à la réduction de la végétation sèche, diminuant ainsi le risque d’incendies forestiers. Dans ce cadre, le gouvernement sénégalais met à la disposition des éleveurs des données et des prévisions météorologiques détaillées, leur permettant d’optimiser les pratiques de pâturage et de gérer leur cheptel de manière plus durable et efficace en anticipant les chocs et gérant les risques. Ce type de collaboration avec les communautés locales permet de réduire les conflits liés aux ressources naturelles et aide à restaurer les paysages.


Dans d’autres régions d’Afrique, des programmes de santé animale montrent que la solution à la durabilité n’est pas forcément de réduire le nombre de bétail, mais de l’améliorer. Par exemple, les programmes de vaccination contre la fièvre de la côte Est ont permis de réduire la mortalité des veaux de 95 % dans certains pays. En 25 ans, plus de 400 000 bovins ont été sauvés, ce qui a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 %.


De plus, de nouveaux vaccins thermostables contre la peste des petits ruminants (PPR), comme l’a démontré le Mali, sont une solution prometteuse pour limiter les pertes estimées à 147 millions de dollars chaque année dans le secteur des petits ruminants en Afrique. Améliorer la productivité de ces animaux, plus résilients face aux changements climatiques, sera essentiel pour nourrir la population africaine en pleine expansion.


Cependant, malgré ces progrès, un défi majeur persiste. De nombreux pasteurs, petits exploitants et agriculteurs de subsistance manquent encore des ressources et des connaissances nécessaires pour adopter ces innovations. Ces groupes représentent la majorité des éleveurs en Afrique, et il est crucial de les inclure afin que ces solutions bénéficient à l’ensemble du continent.


Deux éléments sont nécessaires pour combler cet écart. D’abord, une collaboration renforcée entre les décideurs politiques, les chercheurs, les agriculteurs et les entreprises nous permettra de mieux comprendre les défis auxquels font face les éleveurs et de les aider à produire davantage sans nuire à l’environnement.


Des initiatives collaboratives telles que la Plateforme « Élevage et Solutions Climatiques » initiée et lancée par le Centre International de Recherches sur l’Élevage (ILRI), génèrent des solutions concrètes permettant aux éleveurs de réduire l’impact environnemental de leurs pratiques.


Ensuite, il est crucial d’investir dans ce secteur. Malgré son potentiel évident, l’élevage souffre depuis des décennies d’un manque d’investissements. En 2017, il ne recevait que 0,25 % de l’aide publique au développement. Il est indispensable de rendre financièrement viable l’adoption de technologies et de pratiques durables, sinon cette mission restera sans suite.


Les prochaines Rencontres de Printemps de la Banque mondiale, où seront définis les financements pour le développement, représentent une occasion clé pour amorcer un changement de paradigme et intégrer l’élevage dans les financements verts.


Les pays africains doivent également faire leur part en intégrant l’élevage dans leurs plans de développement économique et leurs stratégies climatiques. Cela permettra de mobiliser des fonds internationaux et d’encourager l’investissement dans des pratiques durables, créant ainsi un effet multiplicateur pour la durabilité de l’élevage à l’échelle du continent.


Les solutions sont à portée de main. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est la volonté d’agir résolument pour libérer le potentiel naturel de l’Afrique et bâtir un avenir où la prospérité et la durabilité s’entrelacent.


 

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Publié par

Joe N. Marone

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