Le Sénégal face à son miroir brisé : la crise universitaire, symptôme d’un système à bout de souffle
dimanche 7 décembre 2025 • 258 lectures • 0 commentaires
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iGFM - (Dakar) Dimanche 7 décembre 2025, lors d’un débat sur iRadio, une question s’est imposée avec urgence : que dit la crise universitaire de notre pays ?
Derrière les revendications sur les bourses et les grèves à répétition se cache une réalité bien plus alarmante. Notre système éducatif, censé être le socle de notre développement, est aujourd’hui un miroir brisé qui reflète les failles d’une société en panne de vision. Les étudiants sénégalais ne demandent pas la lune. Ils réclament simplement le droit d’étudier dans des conditions dignes, avec la certitude que leur diplôme leur ouvrira les portes d’un avenir. Pourtant, force est de constater que nous sommes en train de trahir cette promesse.
Les amphithéâtres qui s’effondrent, les bibliothèques vides, les laboratoires dépourvus du matériel le plus élémentaire : voici le quotidien de milliers d’étudiants à l’UCAD et dans d’autres universités du pays. Comment former des médecins sans paillasses, des ingénieurs sans équipements, des chercheurs sans moyens ? La réponse est cruelle : nous ne le pouvons pas. Et c’est précisément ce qui se passe sous nos yeux. Pire encore, le diplôme, autrefois passeport pour l’emploi, ne garantit plus rien. Des jeunes, après des années de sacrifices, se retrouvent sans perspective, contraints de se tourner vers l’informel ou l’exil clandestin. Est-ce là le Sénégal que nous voulons construire ?
Cette crise n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’années d’improvisation, d’injustices criantes et d’un manque de courage politique. Chaque année, l’État tente d’éteindre l’incendie avec des promesses de bourses ou des mesures cosmétiques, sans jamais s’attaquer aux racines du mal. Pendant ce temps, les enfants des élites étudient à l’étranger ou dans des établissements privés, tandis que la majorité se débat dans des conditions indignes. Un système à deux vitesses ne peut que générer frustration et colère. Et quand une jeunesse se sent abandonnée, elle finit par descendre dans la rue ou, pire, par perdre espoir.
Pourtant, des solutions existent. Elles passent d’abord par un audit citoyen des universités, impliquant étudiants, enseignants et société civile, pour identifier les gaspillages et définir des priorités claires. La transparence n’est pas une option, c’est une nécessité. Il est aussi temps de repenser le modèle des bourses, en les liant à un engagement citoyen : pourquoi ne pas conditionner ces aides à des heures de service communautaire, comme c’est le cas dans d’autres pays ? Alphabétisation, reboisement, soutien aux populations vulnérables – autant de missions qui renforceraient le lien entre la jeunesse et la nation.
Mais les réformes ne peuvent s’arrêter là. Nous devons réinventer notre université en l’ancrant davantage dans les réalités régionales et économiques du pays. Pourquoi tous les étudiants devraient-ils se entasser à Dakar ? Créons des pôles d’excellence dans chaque région, adaptés aux besoins locaux : un pôle agroalimentaire à Saint-Louis, un pôle numérique à Thiès, des formations professionnalisantes en Casamance. Décentralisons l’excellence, plutôt que de concentrer les moyens et les tensions dans la capitale. Parallèlement, il est urgent de former aux métiers de demain. Le Sénégal a besoin de codeurs, de techniciens en énergies renouvelables, d’entrepreneurs innovants – pas seulement de juristes ou de littéraires sans débouchés.
Le secteur privé et la diaspora ont aussi un rôle crucial à jouer. Un fonds de solidarité étudiante, alimenté par les contributions des Sénégalais de l’extérieur et des entreprises locales, pourrait financer des logements décents, des cantines universitaires et des équipements pédagogiques. Au Burkina Faso, des associations de migrants prennent déjà en charge les loyers des étudiants. Pourquoi pas chez nous ? Il est temps de mobiliser toutes les forces vives de la nation pour sauver notre jeunesse.
Enfin, cette crise nous rappelle une vérité simple : l’éducation n’est pas une dépense, mais un investissement. Un investissement pour notre avenir collectif. Cela suppose une gouvernance universitaire fondée sur la compétence et non sur les alliances politiques, ainsi qu’un engagement fort de l’État à sanctuariser un budget digne pour l’enseignement supérieur. Mais au-delà des réformes structurelles, c’est un nouveau contrat social qu’il nous faut bâtir. Un contrat où chaque jeune diplômé aurait la garantie de contribuer au développement du pays, à travers un service civique obligatoire combinant formation et allocation.
Dimanche, sur les ondes d’iRadio, j’ai parlé au nom de Fatou, cette étudiante en médecine qui dort à huit dans une chambre et qui, malgré tout, rêve de servir son pays. Son espoir doit devenir le nôtre. La crise universitaire n’est pas qu’un problème d’étudiants ou de gouvernement. C’est une question de survie pour notre nation. Aux étudiants, je dis : votre colère est légitime, mais transformez-la en énergie créatrice. À l’État, je demande : cessez les rustines, engagez des réformes profondes. Au secteur privé, je lance un appel : investissez dans la jeunesse, c’est investir dans votre propre avenir. Et à chaque Sénégalais, je rappelle que cette bataille nous concerne tous.
Le Sénégal de 2035 se construit aujourd’hui. Il se construira avec nous, ou il se construira sans nous. Avec le mouvement Ensemble Nous Pouvons, nous avons choisi notre camp : celui de l’action, de la solidarité et de l’espoir. Rejoignez-nous. Le changement ne viendra pas d’en haut. Il viendra de nous.
Sambakara Ndiaye
Président du parti NADEMS
Initiateur du mouvement Ensemble Nous Pouvons
Auteur de la chronique Le Chemin de la Vérité sur SUNUAFRIKRADIO
Publié par
Harouna Fall
editor

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