Sur-facturations, marchés truqués, détournements : un rapport explosif secoue le ministère des telecoms

mardi 4 novembre 2025 • 1601 lectures • 0 commentaires

Actualité 11 heures Taille

Sur-facturations, marchés truqués, détournements : un rapport explosif secoue le ministère des telecoms

C’est un rapport qui fait l’effet d’une bombe dans les couloirs de l’État. Selon des révélations publiées par nos confrères de Libération, un audit commandité par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARCOP) et confié au cabinet Grant Thornton met à nu un présumé système de détournement savamment structuré au ministère de la Communication, des Télécommunications et de l'Économie numérique au titre de l’exercice 2023.

L’enquête financière met en lumière un ensemble de pratiques troublantes, mêlant manquements graves, entente illicite entre soumissionnaires, surfacturations massives et attribution de marchés à des sociétés dont les profils n'ont parfois aucun rapport avec les prestations demandées.


Les auditeurs relèvent notamment des marchés publics au fonctionnement identique, affichant la même faute d’orthographe et… le même numéro de proforma. Exemple édifiant : dans le cadre de l'élaboration des textes juridiques liés à l’E-Gouv, les quatre sociétés consultées ont toutes écrit « E-Gow » et porté la même référence de proforma, le numéro 10, une coïncidence que le rapport juge hautement improbable.


À cela s’ajoutent des prix défiant toute logique commerciale, qui feraient sourire s’ils n’engageaient pas des deniers publics. Un marteau menuisier facturé 12 000 F CFA, un marteau arrache-clou à 8 000 F CFA ou encore une visseuse-perceuse affichée à 148 000 F CFA. Même scénario pour des consommables courants : un simple pack d’eau minérale facturé 4 500 F CFA, soit plus du double de son prix réel. « Les prix unitaires proposés nous semblent exagérés », note sèchement le rapport.


Autre fait pointé du doigt : l’attribution de marchés à des entreprises sans compétence avérée dans les domaines concernés. Une société spécialisée dans le commerce général aurait ainsi organisé des missions professionnelles, quand une entreprise de confection et librairie a été retenue pour dispenser des formations en management de projets TIC.


Les travaux de réhabilitation du ministère illustrent également le chaos dénoncé : absence totale de cahier des charges, documents vacants, mais procès-verbal d’attribution assuré que l'offre était « conforme ». Un procédé que les auditeurs qualifient de mensonger.


Même les événements institutionnels semblent avoir servi de passerelle à des pratiques douteuses. Dans le dossier lié à la fête du personnel, plusieurs proformas issues de prétendus soumissionnaires différents comportaient la même faute : « buffet compler ». D’autres, trois au total, écrivaient « un mil-lions ». Des similitudes si flagrantes qu’elles viennent renforcer la thèse d’une collusion organisée.


Pour le cabinet Grant Thornton, il ne s'agit plus de simples dysfonctionnements administratifs, mais bien de « pratiques assimilables à un détournement de fonds publics, corruption et entente illicite ».


Contacté par Libération, le ministère n’a pas souhaité réagir.

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Publié par

Birame Ndour

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