Kédougou : Les terribles chiffres de la traite sexuelle

mercredi 23 juillet 2025 • 346 lectures • 0 commentaires

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Kédougou : Les terribles chiffres de la traite sexuelle

Une enquête menée par l'ONG CenHTRO révèle que plus de la moitié des femmes interrogées à Kédougou sont victimes de traite sexuelle. Ce phénomène, marqué par des promesses trompeuses et la servitude pour dette, concerne majoritairement des femmes venues du Nigeria. 

La situation de la traite sexuelle dans la région de Kédougou s'aggrave, selon les données de l'Ong  CenHTRO. Alors qu'une première enquête en 2021 indiquait que 20% des femmes de 18 à 30 ans exerçant le métier du sexe étaient victimes de traite, une nouvelle étude réalisée en 2023 et 2024, et publiée cette année, montre une forte augmentation. Sur 842 femmes interrogées, 51 % sont désormais concernées par la traite sexuelle.


Les méthodes d'exploitation sont variées. 66 % des victimes ont été attirées par de fausses promesses de travail. 49 % ont été contraintes à la prostitution, et 56 % se sont retrouvées prises dans un système de servitude pour dette. Avant d'intégrer ce circuit, certaines ont subi des violences physiques, des abus sexuels, ou ont été privées de nourriture.


La majorité des victimes (82 %) sont originaires du Nigeria, recrutées via des réseaux internationaux présents à Lagos, Cotonou et Kédougou et 10% sont sénégalaises. La moitié d'entre elles ont entre 18 et 24 ans.


Le département de Saraya est particulièrement touché par ce fléau, avec 70 % des femmes victimes de fausses promesses, contre 60 % pour Kédougou. Dans de nombreux cas, ces femmes vivent recluses, sous surveillance et privées de contacts extérieurs. L'exploitation s'y développe comme une industrie clandestine au sein de l'économie informelle.


Des actions sont menées pour aider les survivantes. 202 femmes, d'anciennes victimes de traite, ont été identifiées et prises en charge. Les poursuites judiciaires ont mené à 15 condamnations. Dix-neuf comités communautaires de vigilance ont été formés. Des survivantes ont été rapatriées au Nigeria, certaines recevant un accompagnement pour des projets d'insertion économique.


Cependant, le rapport de CenHTRO souligne des limites. Les services d'accueil sont saturés et peu adaptés, et la réponse judiciaire reste insuffisante face à l'ampleur du problème. L'Ong appelle le gouvernement du Sénégal à prendre des mesures et à adopter une loi nationale spécifique sur la traite à des fins sexuelles.


Mame Fatou DIALLO (Stagiaire)


 

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Publié par

Youssouf SANE

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